Pour Arte, Mansoor Adayfi de CAGE raconte le calvaire de Guantanamo
Dans ce reportage inédit, Arte revient sur la base militaire de Guantanamo Bay dans laquelle plus 780 hommes musulmans ont été injustement détenus et torturés. Mansoor Adayfi, responsable au sein de notre organisation, y est interviewé. Il y narre son histoire émouvante.Raflé en 2001 lors de l’invasion américaine de l’Afghanistan alors qu’il distribue des médicaments pour une ONG saoudienne, Mansoor est d’abord détenu et torturé au sein d’un “black site” - prison secrète dirigée par les États-Unis et leurs alliés. Il est ensuite transféré au sein de la base cubaine où les tortures continueront. Il y sera détenu pendant 14 ans, sans charge.
« The worst of the worst » (« les pires des pires »), martèlent les autorités américaines afin de justifier le traitement inhumain auquel elles soumettent Mansoor et nos frères. Déshumaniser les musulmans afin de les exclure du champ des droits humains, en faisant fi des exigences minimales de l’État de droit remplacé par le fait du prince absolu : ainsi se résume la stratégie islamophobe de la guerre contre la terreur, brutalement appliquée aux 780 prisonniers du camp. Mansoor relate son expérience dans les détails, rappelant que les douleurs de la torture continuaient de se faire ressentir après les séances d’interrogatoire.
Libéré en 2016, il est toutefois envoyé en Serbie, pays dont il est parfaitement étranger. Il restera plus années sans passeport, harcelé par les services de sécurité serbes. Libéré donc, mais enfermé à ciel ouvert et dans l’incapacité de retrouver sa famille au Yémen, Mansoor vit désormais un “Guantanamo 2.0”.
Il lutte pourtant sans relâche pour que la prison soit fermée. Cette année, il a organisé une exposition d’oeuvres d’art de ses anciens codétenus au Parlement Européen. En 2021, il publie son livre_ Don’t forget us her_e, récit autobiographique de sa vie à Guantanamo. Ce document, qui mériterait une traduction française, est un témoignage historique précieux. Il permet de saisir la gravité des injustices portées par la “guerre contre la terreur” occidentale menée contre le monde musulman. Entre temps, le reportage d’Arte constitue une excellente introduction.