Profil de l'affaire : Abdelhakim Sefrioui
Abdelhakim est un citoyen français d'origine marocaine. En octobre 2020, il a publié une vidéo traitant de la question d'un professeur montrant une image blasphématoire du Prophète (que la paix soit avec lui) dans un collège public. Il a été arrêté par la police et, bien qu'aucune charge n'ait été portée contre lui, il est en isolement depuis ce jour. La législation antiterroriste française permet de détenir une personne sans inculpation pendant une période pouvant aller jusqu'à quatre ans. Depuis son arrestation, il a été interrogé trois fois par les autorités, les questions portant exclusivement sur ses opinions politiques et sa religion.
Contexte :
Abdelhakim Sefrioui est un citoyen français d'origine marocaine. Père de trois enfants, grand-père et membre respecté de la communauté, il était professeur et est surtout connu pour son militantisme en faveur de la cause palestinienne et du peuple palestinien.
À son initiative, une organisation a été créée en mémoire de Cheikh Ahmed Yassine, le fondateur du Hamas, sous le nom de « Cheikh Yassine Collective ». A travers ce collectif, il a organisé et participé à de nombreuses manifestations pro-palestiniennes à Paris et à des activités en soutien au peuple palestinien en France. Abdelhakim est également connu pour sa critique des politiques islamophobes persécutrices du gouvernement français.
La tentative de désamorçage de l'incident Samuel Paty :
En octobre 2020, AbdelHakim Sefrioui a tenté d'intervenir et d’animer une discussion constructive entre l'école de Samuel Paty et les parents d’élèves musulmans. Le professeur Samuel Paty avait montré à ses élèves, dont beaucoup étaient musulmans, une image diffamatoire, inappropriée et insultante prétendant représenter le prophète Muhammad(que la paix soit avec lui). La proposition d'Abdelhakim de servir de médiateur entre les parents musulmans et l'école a été rejetée par l'école. Abdelhakim a ainsi décidé d'enregistrer un témoignage vidéo de ses efforts.
Témoignages vidéo
Suite au refus de l'école, Abdelhakim a publié une vidéo sur ses réseaux sociaux dans laquelle il décrit ses efforts visant à désamorcer la situation et à critiquer pacifiquement l'acte de blasphème qui s'est déroulé dans un collège public. S'adressant aux parents dans la vidéo, Abdelhakim leur demande de s'intéresser activement au contenu de l'enseignement dispensé à leurs enfants. Il a également demandé à l'école de renvoyer Samuel Paty. Il a aussi mentionné la répression plus large des musulmans en France.
Arrestation et fermeture du « Collectif Cheikh Yassine »
Le meurtre de Samuel Paty le 16 octobre 2020 par un acteur individuel, qui n'était ni un parent ni un élève de l'école, a provoqué l'horreur nationale. Le gouvernement a saisi ce moment pour punir ceux qui ont dénoncé les actes de Samuel Paty. Abdelhakim a été arrêté le lendemain, le 17 octobre 2020, sous l'allégation de « complicité d'assassinat terroriste ». Il a été arrêté avec 15 autres personnes, dont des enfants, et placé en détention sans inculpation. Il est toujours détenu depuis Octobre 2020, ce qui signifie qu'il n'a pas été inculpé ni jugé. En vertu de la législation antiterroriste française, il est possible d’être détenu sans inculpation ni jugement pendant une période maximale de quatre ans. La prolongation de la « détention provisoire » en France a été critiquée par l'organisation mondiale de surveillance de la justice pénale, Free Trials. L’organisation de Sefrioui, le « Collectif Cheikh Yassine », a été immédiatement dissoute par le gouvernement le 21 octobre 2020. Cette dissolution s'inscrit dans le cadre d'une accélération des fermetures forcées par l'État d'organisations musulmanes actives, parmi lesquelles l'organisation humanitaire Barakacity ainsi que le CCIF, ONG de lutte contre l'islamophobie.
Conditions de détention
Au cours des quatre ans qu'a duré son emprisonnement, il n'a été interrogé par les autorités au moins trois fois. Les questions ont exclusivement porté sur ses croyances et ses opinions politiques. Cela démontre que son interpellation et son maintien en prison sans inculpation ni procès sont motivés pour avoir souligné les actions offensantes de Samuel Paty. Abdelhakim continue d'être détenu à l'isolement et n'a que peu d'accès à des visites extérieures. L'isolement prolongé est reconnu comme une forme de torture par les Nations Unies. Il a également été privé de ses médicaments pendant les cinq premiers mois de son incarcération.
Sanctions collectives
Le 26 mars 2022, le fils d'Abdelhakim a été arrêté par les autorités françaises, interrogé et détenu pendant 5 jours. Au total, 5 perquisitions visant la famille d'Abdelhakim ont été effectuées ce jour-là.
Contestation juridique
Les avocats d'Abdelhakim ont déposé une plainte auprès des tribunaux et son audience aura lieu le 12 avril 2022, où le juge décidera si sa détention prendra fin ou sera prolongée de 6 mois. Il a été décidé que la peine d'emprisonnement serait prolongée, ce qui lui a valu une peine d'emprisonnement depuis quatre ans.